Dans la rue… de plus près

Dans la rue… de plus près

En mars, Vallier a remis des manteaux aux jeunes sans-abris par le biais de l’organisme Dans la rue. Nous en avons profité pour aller à la rencontre des intervenants qui y œuvrent et en apprendre davantage sur la mission de l’organisme et l’impact de la pandémie sur ses activités.

Quelle est la mission de Dans la rue?

Dans la rue vient en aide aux jeunes sans-abri ou en situation précaire. Avec dévouement, empathie et respect, et grâce au soutien de la communauté, Dans la rue veille à leurs besoins immédiats et travaille avec eux afin qu’ils puissent acquérir les compétences et les ressources nécessaires pour mener une vie plus autonome et plus enrichissante. 

Chaque membre de l’équipe contribue par son expertise et son écoute à accompagner les jeunes dans les différentes sphères de leur vie. Que ce soit les intervenants, les psychologues ou le personnel de soutien, chacun poursuit la mission de l’organisme au quotidien, habité par les valeurs d’engagement, de bienveillance, de respect et de collaboration.

Quel impact a la pandémie sur les jeunes et sur la mission de l’organisme?

Depuis le début de la pandémie, nos intervenants ont constaté que les jeunes les plus vulnérables se tournaient naturellement vers les services de Dans la rue, un lieu qu’ils perçoivent comme sécuritaire et où ils peuvent toujours trouver quelqu’un pour les aider. Les jeunes, lorsqu’ils se présentent dans nos services, ont souvent faim et froid. Les soins de base sont difficilement comblés à l’extérieur de l’aide offerte chez Dans la rue. Les intervenants ont également constaté que la santé mentale des jeunes est grandement affectée par la situation sanitaire. Les jeunes ont souvent besoin d’un support urgent à ce niveau.

De quelle façon vous adaptez-vous pour continuer de venir en aide?

Nous avons dû enseigner, expliquer et vulgariser rapidement aux jeunes qui passaient dans nos services les mesures sanitaires afin de pouvoir rester ouvert en toute sécurité. Nous sommes constamment en contact avec le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et les organismes qui offrent des services aux itinérants. Cela nous permet d’avoir une vision d’ensemble des services offerts et des contraintes pour la population itinérante à Montréal. 

Aussi, en ces temps difficiles, les jeunes que nous voyons ont d’autant plus besoin d’un accompagnement psychosocial. Au-delà des repas et des nuits, la présence et le soutien psychologique offert par nos intervenants sont, aujourd’hui plus que jamais, essentiels pour les jeunes en situation d’itinérance qui font face à une détresse psychologique, une anxiété et un sentiment d’isolement social amplifié. Nous nous assurons d’être à l’écoute d’eux et de les référer rapidement vers les ressources nécessaires. 

Quels sont les défis de l’itinérance jeunesse par rapport à l’itinérance chez les adultes?

Les causes et les réalités de l’itinérance jeunesse sont différentes de celles de l’itinérance adulte, ce qui nécessite des solutions adaptées. Certains jeunes vivent une instabilité de logement (dormir dehors, aller-retour entre la maison et d’autres lieux, partage de toit) et une situation précaire en termes de santé mentale et de toxicomanie. Ils manquent d’éducation et ont peu d’accès au marché du travail. Ils ont peu d’expérience de la vie autonome. L’itinérance est très rarement un choix. Les jeunes ont le désir de s’en sortir.

Elle est souvent causée par des dysfonctions familiales (violence, sévices, abus de substances, santé mentale), la pauvreté, le sous-emploi, le manque de logements abordables et les failles dans le système de soins (physiques et mentaux) et de protection de la jeunesse.

En tant que société, à quoi devrions-nous porter plus attention?

Se renseigner sur les divers moyens d’aider ceux dans le besoin. Se renseigner également sur les causes et les conséquences de l’itinérance jeunesse.

Confronter ses préjugés, car toutes les personnes itinérantes vivent des situations uniques et différentes. Les stéréotypes que nous avons nous empêchent souvent d’avoir une conscience éclairée de la réalité ou plutôt, de la diversité des réalités. Il faut garder en tête que l’itinérance est rarement un choix et peut être le résultat de plusieurs événements ou conditions. Personne n’est à l’abri d’une malchance, d’un problème de santé, d’une éviction, etc.

Être à l’écoute des personnes qui sont dans le besoin. Ce sont elles qui connaissent le mieux leur situation, leurs forces, leurs faiblesses et leurs désirs. La première étape est de se mettre en position d’ouverture et d’accueil. Sans cela, les soins et services ne peuvent pas être offerts pour le bien des personnes concernées. Il faut être en mesure de comprendre toute la complexité d’une situation afin d’inscrire un service dans une vision à moyen et long terme.

Finalement, ne pas hésiter à dénoncer une situation inacceptable ou injuste envers une personne ou un groupe de personnes. Nous faisons tous et toutes partie de la société et il est de notre devoir de prendre la parole lorsque celle-ci laisse de côté ou pénalise les plus vulnérables. L’engagement peut se faire à petite échelle (donner du temps ou de l’argent à un organisme local) ou à grande échelle (écrire une lettre à son député pour exiger une action envers un projet de loi).