Cécile Gariépy : illustrations et inspirations

Cécile Gariépy : illustrations et inspirations

Artiste montréalaise polyvalente, Cécile Gariepy est une illustratrice professionnelle, une muraliste reconnue et une fine connaisseuse des mondes de la télévision et de la publicité. Mais comme tout artiste qui se respecte, Cécile n’aime pas être mise dans une boîte.

Elle laisse son travail parler de lui-même – et ce travail existe à travers des personnages ronds, aux formes exagérées sur trames narratives colorées et ludiques. Ses illustrations se sont retrouvées dans le New York Times, dans des campagnes publicitaires pour Apple et pour Google et décorent les murs d’édifices de partout à travers le monde.

À la mi-octobre, nous avons accueilli Cécile dans nos bureaux du Mile-Ex, qu’elle a agrémenté d’une murale exclusive peinte dans le salon des employés. Plusieurs photos plus tard, la rencontre s’est poursuivie autour d’un café au Dispatch. Entre deux gorgées de latté, on l’a questionné sur son art, sa carrière et ses inspirations. Lisez notre entrevue.

Vallier: Cécile, qui es-tu, d’où viens-tu que fais-tu?

Cécile Gariépy: Je m’appelle Cécile Gariepy, je viens de Montréal et je produis des illustrations. Certains aiment dire que je suis une muraliste, mais je ne me considère pas comme telle. Je dirais que je suis une illustratrice qui a la chance de faire des murales.

V.: Es-tu originaire de Montréal?

C.G.: Je viens de Montréal, mais ma famille est en Mauricie. J’ai passé une partie de ma jeunesse proche d’un petit lac. On s’y baignait, on cueillait des fruits et ramassait des champignons sauvages. C’était assez rustique. Mes années les plus formatrices, je les ai vécues à Montréal, dans le Mile-End. Je vis maintenant dans la Petite Italie, assez près d’ici (le Mile-Ex). J’adore mon quartier.

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V.: Comment es-tu devenue illustratrice?

C.G.: J’ai étudié en production cinématographique à Concordia avant de travailler en télévision comme réalisatrice publicitaire, mais il manquait un petit quelque chose à ma carrière . J’ai donc décidé d’entreprendre une maîtrise en cinéma à Paris. Comme les cours étaient très rigoureux, je me suis mise à dessiner pour amuser mes amis et ma famille. J’aime faire rire les gens, et ils semblaient aimer mes illustrations. J’ai donc continué. Quand je suis revenue à Montréal après avoir passé mon diplôme, ma carrière avait déjà pris un autre tournant. Pour moi, le médium importe peu. Je me concentre sur le propos et l’essence du contenu. Que les images soient en mouvement, que ce soit des photos ou un film, le contenu a toujours préséance sur le contenant.

V.: Parle-nous de ton procédé? Comment commences-tu à conceptualiser une pièce?

C.G.: Je ne pense pas que si je m’assoyais pour créer, les idées viendraient. Durant mon temps libre, je suis attentive à comment les gens qui m’entoure s’expriment physiquement. Quand je sors, je prends des notes sur mon téléphone ou je dessine des croquis dans un carnet. Je dirais que j’observe continuellement comment bougent les choses. Disons que je suis à l’aéroport et je remarque une personne qui attrape sa valise d’une drôle de façon, je vais le dessiner rapidement puis me demander ce que fait cette personne comme travail ou ce qu’elle a mangé pour déjeuner, par exemple. J’essaie de créer une trame narrative. Parfois, quand je travaille en publicité je mets l’accent sur un visuel intéressant qui transmet une émotion à travers une couleur ou un style. Pour moi, l’aspect narratif est extrêmement important, j’essaie toujours de créer une histoire intéressante. J’imagine que ma formation en tant que réalisatrice télé m’a aidé dans mon processus.

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V.: Qui sont les illustrateurs que tu admires?

C.G.: (rires) Cette question m’agace et on me la pose tout le temps. Les gens cherchent continuellement à comparer le travail d’un artiste avec celui d’un autre qui a un esthétique similaire. Je pense que je m’inspire plus d’une idée qui émane d’un médium que d’une pièce ou d’un artiste en particulier. Il y a beaucoup d’artistes et de personnes dans mon entourage qui m’inspirent. À l’époque où on vit, on est submergé d’images venant d’Instagram, de Vimeo et des autres médias sociaux. Je crois que je fais partie de l’ère— qu’on l’appelle tendance ou mouvement—des gens qui s’inspirent entres eux. J’essaie de passer moins de temps sur internet et plus dans les musées, les galeries ou les salles de cinéma à la recherche d’inspiration. Je lis beaucoup et ce sont les histoires et les idées exprimées dans les poèmes qui inspirent mon travail. Ces jours-ci, j’aime beaucoup le haïku. J’admire les auteurs qui expriment de grandes idées en de très petits textes. Même en tant qu’illustratrice, je trouve le haïku inspirant. Je suis une grande fan de cinéma, j’aime revoir les films des frères Cohen pour une troisième ou une quatrième fois pour y déceler des détails subtils et de l’humour. Le Québec produit aussi du très bon cinéma.

V.: As-tu une saison favorite? Quels sont tes endroits préférés à Montréal pour en profiter?

C.G.: Je dirais que c’est l’automne. Pas pour les lattés à la citrouille, mais pour le temps frais. J’adore aller promener mon chien sur la montagne. J’aime beaucoup le parc Summit Circle à Westmount, où je peux laisser mon chien jouer sans laisse. J’y étais la fin de semaine dernière, cet endroit est magnifique à l’automne, ça ressemble à la campagne, mais en plein cœur de Montréal.

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V.: Trouves-tu c’est le parfait moment de l’année pour enfiler le chandail en mérinos Faroe que tu portes?

C.G.: (rires) Je ne l’ai pas encore porté beaucoup, mais dès que je l’ai enfilé j’ai eu l’impression que c’était le mien. Je vais avoir du mal à ne pas le mettre tous les jours cet hiver. Il pourrait certainement devenir mon tricot préféré.

V.: As-tu une pièce de ton travail de laquelle tu es particulièrement fière?

C.G.: Venant du monde du cinéma, j’ai développé de l’appréciation pour les projets collaboratifs et l’implication d’une équipe. Le travail d’illustration en est un de solitaire. J’ai la chance d’avoir travaillé avec des clients à l’international, ce qui veut dire que je passe beaucoup de temps sur Skype et au téléphone. Comme je ne rencontre pas les clients en personne, je travaille souvent seule. Travailler sur des murales, au contraire, implique une équipe. En travaillant avec d’autres personnes, j’ai l’impression de créer un projet plus grand que ce que je fais personnellement. Je suis vraiment fière de la dernière murale que j’ai faite, sur le boulevard Décarie. J’ai collaboré avec 3 autres artistes pour la compléter en 3 semaines. On l’a peinte durant l’été, il faisait vraiment chaud. Le chariot élévateur était à 150 pieds dans les airs, et on avait tous le vertige. Lorsque la murale a été terminée, on était tous fiers d’avoir ensemble. Je suis fière des projets sur lesquels je travaille seule, mais je suis toujours plus satisfaite lorsqu’il s’agit d’un travail inclusif.


Découvrez les œuvres de Cécile Gariepy sur Instagram page et sur son site web.