Vallier rencontre: Ève Landry

Vallier rencontre: Ève Landry

Comment enchaîner les projets tout en conservant son équilibre et en gardant les pieds sur terre? La comédienne Ève Landry, aperçue dans les séries cultes Unité 9 et District 31, discute de la manière dont la pandémie a affecté son univers, des actrices qui ont changé sa vision de l’industrie et de son style androgyne.

En entrevue avec Vallier, elle évoque ses préoccupations environnementales, son amour du théâtre et des séries dramatiques, et de la façon dont elle jongle entre la vie familiale et ses nombreux engagements.

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Regard sur la société/travail

Quelles sont tes préoccupations sociales et que fais-tu pour y remédier?

La question environnementale me touche beaucoup. Si je fais quelque chose qui n’est pas bon pour l’environnement, je prends le temps d’y réfléchir, de voir comment j’aurais pu mieux faire et je m’adapte la fois suivante. C’est vraiment ma plus grosse implication, conjointement avec la vie de quartier.

Je viens d’un petit village. Pour moi, c’est très important d’avoir cet « aspect village » dans ma vie. Je suis encore très proche de mes voisins, ceux que j’avais quand j’étais jeune. J’ai compris que j’allais être bien en ville quand j’allais reconstruire cette idée autour de moi. Peu importe le quartier où j’ai habité, j’ai toujours pris le temps de connaître mes voisins. De connaître mon boucher, mon boulanger; tous ceux qui font partie de ma communauté. Ça a été ma façon de prendre ma place en ville, et surtout de faire en sorte que mes enfants se sentent bien dans leur quartier. Mes enfants connaissent leurs voisins, ils les saluent, ils voient à quel point s’impliquer dans leur quartier, au niveau social comme au niveau politique, peut faire la différence.

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Avec la pandémie, le métier de comédienne n’a pas dû être facile. Comment es-tu passé au travers de cette période d’incertitude et comment vas-tu aujourd’hui? 

Je me suis sentie extrêmement privilégiée. La plupart de mes projets ont simplement été remis - plutôt qu’annulés - et je croise les doigts pour que ça continue. Je suis également très consciente de la chance que j’avais de ne pas dépendre financièrement de ces projets. J’ai pu passer à travers la pandémie de façon plutôt zen, en me concentrant sur mon bien-être, et encore une fois je me suis sentie extrêmement privilégiée de pouvoir le faire. 

Par contre, quand le gouvernement nous a martelé que le secteur du divertissement n’était pas essentiel, ça m’est un peu rentré dedans. Bien sûr, je savais que nous n’étions pas essentiels à proprement parler, mais de se le faire répéter et de se faire frapper aussi fort, ce n’était pas facile. Nous avons vraiment servi d’exemple afin de montrer que c’était du sérieux, qu’il n’y avait plus de place pour le plaisir, et ça m’a fait mal.  

Encore aujourd’hui, je trouve qu’il y a une certaine tristesse dans l’atmosphère. Les salles de spectacle ne sont toujours pas remplies, on n’a plus envie de se déplacer, et l’on a perdu l’habitude de sortir en soirée. Nous avons été forcés d’être bien à la maison, et on dirait que maintenant, c’est tout ce qu’on connaît. Ça nous a ramenés à l’essentiel. Ce n’est pas forcément mauvais, mais il va falloir trouver un certain équilibre entre cette nouvelle vie et notre vie d’avant. Il y avait beaucoup de positif dans le fait de sortir.

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Tu joues maintenant le rôle de la lieutenante Mélanie Charron dans District 31. Comment ça c’est fait et où trouves-tu ton inspiration pour ce rôle?

J’ai reçu un appel de la directrice de la distribution, qui avait pensé à moi pour ce rôle. J’avais d’autres engagements, notamment au théâtre, mais l’équipe de District 31 s’est adaptée à mon horaire et je me suis vraiment sentie bienvenue.

Je n’avais jamais regardé l’émission auparavant, et je ne suis pas allée voir comment ils avaient tourné les épisodes précédents. Je voulais arriver là avec mes couleurs, ma vision des choses. J’ai beaucoup parlé avec l’auteur, et on a discuté de la manière dont il voyait le personnage, ce qui m’a donné plusieurs pistes. C’est un personnage qui est assez direct, très efficace, très pince-sans-rire. Je le découvre presque en même temps que le public, petit à petit, chaque semaine.


Tu as joué au théâtre, au cinéma, et dans des émissions quotidiennes à la télévision (autant grand public que les séries jeunesse). Quelles parties de toi ces différents projets nourissent-ils?

Quand je tourne des séries dramatiques comme Unité 9 ou District 31, ça nourrit l’enfant en moi, celle qui rêvait de faire un tel métier. J’ai grandi en regardant de grandes actrices comme Céline Bonnier et Élise Guilbault, qui jouaient des femmes troublées, au destin tragique. C’est ce jeu-là qui m’a fascinée quand j’étais enfant.

Quand je tourne des séries jeunesse, ça travaille plutôt mon côté workaholic. Ce sont des textes qui ne sont pas du tout faciles à apprendre, il y a beaucoup de gestuelle. En même temps, ça me permet de rejoindre un public que j’affectionne, surtout depuis que je suis maman.  

Le théâtre vient vraiment rejoindre mon côté casse-cou, celui qui carbure aux défis. Plus le défi est gros, plus j’ai envie de le relever. Également, faire du théâtre me permet de prendre soin de moi. Par exemple, je jouerai dans une pièce en février et en mars, et je sais que je ne dois pas être malade. Ne pas être malade avec deux enfants à la garderie, vous conviendrez que ce n’est pas évident (rires)! C’est tout un défi.

Le théâtre, c’est véritablement un saut dans le vide. 

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Regard sur la mode

En mode, qui est ta plus grande idole de tous les temps ? 

Tilda Swinton. Elle me fascine. Elle est très distinguée, et elle a énormément de classe. C’est vraiment le genre qui me parle. Je pense avoir vu toutes ses photos, je suis abonnée à son compte instagram. 

Louise Lecavalier, aussi. J’aime son look classique et androgyne, mais j’admire surtout son attitude sur scène.


Comment décrirais-tu ton style ?

J’ai un style plutôt androgyne. J’essaie vraiment de me rapprocher d’un genre de style classique indémodable. Aujourd’hui, je n’achète que des vêtements québécois ou encore des pièces d’occasion pour mes enfants. J’aime beaucoup le look tomboy. J’essaie de me convaincre de porter des robes chics pour des galas, mais je finis toujours par porter un pantalon et une chemise!

Quand je porte une robe, j’y vais pour un modèle plutôt ample. Si vous me croisez dans la vie de tous les jours, vous pouvez être certain que je serai en pantalon jogging. Et ce ne sera pas un pantalon payé 400$! 


Quelle est ta pièce incontournable de la collection Vallier ?

Je porte les t-shirts à toutes les sauces, et j’adore le manteau Mayfair. Classique, indémodable, je sais qu’il me fera pendant très longtemps, et je le porte de plusieurs façons. Sinon, j’aime beaucoup la robe en flanelle Nishi. C’est le genre de robe que je porte souvent.

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  • Vallier meets: Ève Landry

Regard sur la personne

Qui a été ta plus grande influence, autant sur le plan professionnel que personnel? 

Sur le plan professionnel, c’est Céline Bonnier. Je ne ferais pas ce métier-là si elle ne l’avait pas fait avant moi. Sa manière de jouer m’a inspirée, j’ai toujours voulu l’imiter. Elle a vraiment allumé quelque chose en moi. J’ai eu la chance de travailler avec elle dans Unité 9, et j’ai ou travailler mes scènes avec elle,  c’était exceptionnel. J’ai beaucoup appris de sa manière de voir les choses. 

Florence Longpré, aussi, qui m’en a beaucoup appris sur sa façon de gérer ce milieu. Elle sait ce qu’elle veut, et ne changera pas sa vision des choses pour faire plaisir aux diffuseurs, ce que j’admire. Elle est également une très bonne amie. 

Dans ma vie personnelle, maintenant, je dirais que c’est vraiment mon amoureux! Il m’accepte comme je suis, et m'accompagne dans mon épanouissement personnel. Il affronte avec moi les moments plus difficiles, sans jamais me juger. Il me permet d’être moi-même, et c’est très précieux. 

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Quand on te propose un rôle, comment décides-tu si tu acceptes ou non?

Il y a cette vieille idée des trois notions à respecter: la gang, le projet, et combien ça paye. Il en faut deux sur trois. Si le projet est super intéressant, que la gang est cool, mais que ça ne paye pas très bien, pour moi c’est un oui. 

Personnellement, j’y vais beaucoup avec le texte. Est-ce qu’il m’allume? Ai-je envie de jouer ça? Si le texte me parle, et que j’ai confiance en la personne qui va réaliser le projet - parce que ça peut tout changer! -, alors ça me tente. Je veux aussi jouer dans des projets qui vont plaire au grand public. Ça semble anodin, mais pour moi, prendre le temps de créer quelque chose qui, au final, ne plaira pas, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse particulièrement. Même si je ne m’attends pas à chaque fois à un énorme succès, j’y vais toujours avec le cœur.


Avec les rôles qui s'enchaînent, comment fais-tu pour garder l’équilibre? 

Je suis plutôt douée, maintenant! Ça fait plusieurs mois que ça va bien, mais il arrive toujours un moment où on perd l’équilibre… C’est un mélange de rigueur, de l’importance de vivre le moment présent. De prévoyance, aussi. Je suis quelqu’un de très prévoyant. Par exemple, quand j’ai de grosses périodes de rush, quand je travaille beaucoup, je m’assure que mon frigo soit plein, pour que mon chum ne soit pas lui non plus en train de rusher à la maison avec les enfants. Ce sont des choses toutes simples, mais ça fait la différence.