Initié très tôt au gospel puis au violon, au piano et au saxophone, Michael Haze jongle harmonieusement avec différents univers. Sa musique, inspirée d’une riche enfance passée entre Paris et plusieurs pays d’Afrique, offre des notes envoûtantes de R&B et d’indie rock.
Montréalais d’adoption, Michael a pris le temps de discuter avec Vallier de sa vision de la société, de la manière dont la métropole québécoise lui a fait connaître la mode, et de son dernier album, Venus.
Vallier rencontre: Michael Haze
Regard sur la société
Quelles sont tes préoccupations sociales et que fais-tu pour y remédier?
Les réseaux sociaux me font un peu peur. Nous sommes des citoyens passifs sur les réseaux sociaux. Ma petite sœur a 16 ans; à cet âge, c’est assez toxique de passer beaucoup de temps en ligne. Ça m’inquiète pour elle.
J’en parle souvent avec mes amis. J’analyse, j’essaie de voir si ça m’affecte. Les réseaux sociaux ont une influence sur la manière dont on interagit avec les gens, surtout chez les jeunes. Depuis 2012, le taux de suicide aux États-Unis a doublé! Ce n’est pas seulement en lien avec les réseaux sociaux, mais ça perturbe certainement les jeunes. C’est inquiétant, et je crois qu’il faut adresser le sujet. Pour moi, c’est important d’en parler avec mes proches à travers ma musique.
De façon personnelle, j’essaie d’avoir une routine, une certaine structure : je n’ai pas Tik Tok, ni Twitter, ni Snapchat. Je suis seulement sur Instagram. J’aime beaucoup cette plateforme, mais je ne veux pas non plus passer 4 heures de ma journée là-dessus.
Tu as beaucoup voyagé avec ta mère plus jeune. Encore aujourd'hui, tu voyages souvent entre Montréal et Los Angeles. Qu’est-ce que tu aimes de ces deux grandes villes et de quelles manières te font-elles vibrer?
J’adore Montréal, c’est ma ville préférée. L’ambiance est différente. Los Angeles, pour moi, c’est plutôt un passage obligé pour ma carrière. C'est un endroit où tout le monde peut se surpasser. Tous les gens que vous rencontrez à Los Angeles vous diront qu’ils sont LA prochaine vedette, peu importe ce qu'ils font! Je voulais donc aussi me mettre en bonne position pour croire en moi-même, en ma musique. Au début, je n’étais pas certain que ça allait fonctionner, et c’est pourquoi j’avais décidé d’aller à Los Angeles. C’était nécessaire dans mon cheminement.
Maintenant, je suis à Montréal, et la vie est belle. Ce n’est pas toujours évident. Pendant deux ou trois mois, je n’ai pas travaillé, j’ai voulu prendre un peu de recul pour voir si je pouvais vivre de ma musique, rencontrer de nouvelles personnes et développer mon réseau de contacts.
Tu viens de lancer ton nouvel album Venus. Qu'est-ce que cet album représente pour toi?
J’ai fait cet album avec un ami qui s’appelle aussi Michael. Nous n’avions pas vraiment de messages spécifiques à passer. Auparavant, tout ce que je voulais, c’était faire passer un message politique, ou quelque chose de plus profond à travers ma musique. Avec Venus, nommé selon la déesse de l’amour et de la fertilité dans la mythologie romaine, j’ai pris un pas de recul, et j’ai décidé de capturer des moments, des émotions particulières, des sentiments.
Chaque jour, on essayait de travailler à capturer différentes émotions, et je crois qu’on a réussi. Ce que je veux, c’est créer des univers sonores, c’est amener les gens dans des endroits différents, à travers une aventure. Et c’est ce qu’on fait avec Venus.
Cet album, c’est ma manière de m’affirmer en tant qu’artiste, mais aussi en tant que producteur. Venus est un avant-goût de ce qui s’en vient. C’est le lien entre l’album Mickey (le surnom que ma mère me donne) et le projet sur lequel je travaille en ce moment.
Avec Mickey, je mettais surtout l’accent sur les paroles, et avec Venus je m'établis en tant que producteur. C’est le préambule à l’album qui s’en vient.
Regard sur la mode
En mode, qui est ta plus grande idole de tous les temps ?
Avant d’arriver à Montréal, la mode ne m’intéressait pas du tout. Il y a tellement de styles, du emo punk au Westmount preppy. Les gens autour de moi utilisent la mode comme mode d’expression, comme véhicule pour faire passer un message.
Montréal a allumé quelque chose en moi côté mode. Maintenant, je suis fasciné par la haute couture : Balenciaga, Louis Vuitton, RAF SIMONS- c’est ce que j’adore en ce moment, et c’est surtout influencé par ma musique rap. Tous les rappeurs aiment RAF SIMONS.
En tant qu’artiste, mon look est important. C’est quelque chose que j’étudie maintenant, et j’essaie aussi de passer des messages à travers la façon dont je m’habille. Je trouve l’inspiration tout autour de moi.
Comment décrirais-tu ton style ?
Je dirais Preppy baggy.
Mon père voulait toujours que je m’habille en habit, de façon très formelle. Je fréquentais aussi une école privée où nous portions un uniforme scolaire.
Jusqu’à l’université, je n’avais pas de style à moi. Maintenant, j’explore de plus en plus. J’ai même envie d’essayer de porter des crop tops.
Je dirais donc que mon style est preppy baggy, mais je suis en train de le définir.
Quelle est ta pièce incontournable de la collection Vallier ?
Le sac Dutton weekender, je l’apporte tous les jours au studio. Il est du genre surdimensionné, mais ça fonctionne. Tout le monde l’aime! J’aime aussi beaucoup le col rond Mercier et le parka Toolo.
Regard sur la personne
Qui a été ta plus grande influence ?
Côté professionnel, je dirais peut-être Frank Ocean. J’aime sa vibe. Sa musique est tout simplement parfaite.
Côté personnel, sans doute ma mère, surtout pour la manière dont elle m’a élevé.
Je suis à la recherche d’un mentor en ce moment. Pour l’instant, je ne sais pas quoi répondre, mais ma réponse sera sans doute différente dans le futur. Je suis ma plus grande influence en ce moment, je dirais. Je suis mon propre critique.
Mon environnement, la manière dont j’ai grandi, les voyages que j’ai faits lorsque j’étais petit, tout ça a aussi influencé la personne que je suis devenue.
Je suis né à Washington. Je suis ensuite passé par la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Kenya, et puis Paris. Voyager quand on est jeune change fondamentalement la manière de voir le monde. Encore aujourd’hui, je voyage souvent - même avec mon chien - et ça ne me stresse pas. C’est presque une seconde nature pour moi.
Le monde de la musique a quelque chose de mystérieux, chaque artiste a sa propre manière de faire les choses. Comment te vient l’inspiration pour créer les mélodies et les paroles?
C’est une bonne question, mais je n’ai pas les réponses exactes. Il y a deux ou trois ans, tout ce que je faisais se basait sur mes propres expériences. Avec le temps, je me suis dit que je devais être meilleur, et j’ai vraiment travaillé fort en effectuant plusieurs exercices créatifs.
Quand je manque d’inspiration, j’écoute des films, et ça m’aide. Faire du freestyle aussi, ça m’a aidé à devenir meilleur dans l’écriture. C’est la même chose que pour le sport: il faut s’entraîner afin de s’améliorer.
Comment as-tu fait tes débuts dans le monde de la musique chez Bonsound?
J’ai connu Vallier et Simon (chef de projet chez Vallier) via Instagram. On a échangé, et j’ai aussi lu l’éditorial réalisé avec Milk & Bone.
J’ai découvert la musique de Milk & Bone sur une série Netflix et j’ai adoré. Je voulais savoir d'où elles venaient et j’ai su qu’elles étaient originaires de Montréal et qu’elles collaboraient avec Bonsound. Par la suite, j’ai envoyé un démo Bonsound et c’est Vince Carter qui m’a contacté pour venir les rencontrer et signer avec eux. Le processus a été rapide: ma découverte de Milk & Bone, mon démo envoyé à Bonsound et ma rencontre avec eux. J’ai signé avec Make It Rain qui fait partie de Bonsound. Et nous voilà aujourd’hui!