L’année 2021 s’amorce avec un autre confinement. Parce que nos relations sociales en souffrent plus que jamais, Vallier prend des nouvelles de vos artistes préférés, question de garder le contact.
Vallier Rencontre: Milk & Bone
Milk & Bone est un duo de musique électro-pop composé de Laurence Lafond-Beaulne et de Camille Poliquin. À leurs dires, la longue pause de la dernière année a été une occasion de travailler sur leurs projets individuels et de cultiver leur relation binaire. Comme chez Vallier on s’intéresse au style, on les a également interrogées à ce sujet.
Vous êtes un duo. Comment travaillez-vous à deux, quel est votre processus de création?
Laurence Lafond-Beaulne: Pour les deux premiers albums, on écrivait souvent les chansons chacune de notre côté, pour qu’elles viennent directement d’émotions raw, vraies. On se rencontrait ensuite pour les travailler ensemble et se les approprier pour qu’on s’y rattache les deux.
Récemment, on a un peu changé notre façon de travailler. On commence les chansons ensemble et ça nous amène ailleurs et ça fait du bien. On peut vraiment se relancer rapidement et c’est presque comme un jeu. Je pense que c’est important d’essayer de nouveaux procédés créatifs et de nouvelles façons d’écrire, pour continuer à se surprendre et se challenger ensemble.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le fait d’être amies et associées à la fois?
L.L-B.: La ligne qui sépare l’amie de l’associée est tellement mince et facile à oublier par moment. Tout ça s'entremêle, bien évidemment. Il faut donc se rappeler que les défis qui touchent le travail ne sont pas automatiquement les mêmes transposés dans l'amitié. Il faut qu’on se force à prendre des moments pour s’occuper de l’amitié qui nous unit, même si le travail prend déjà la majorité de notre temps. Pour moi c’est le plus grand défi, trouver le temps et l’équilibre entre les deux dans un horaire souvent de folie. Mais lorsque l’amitié est forte, le projet l’est aussi. À la base, Milk&Bone, c’est deux amies qui se sont associées pour avoir du plaisir ensemble et je crois que ça fait notre force. Il faut cultiver le plaisir et l’amitié à tout prix, je crois.
Camille Poliquin: Oui, surtout quand on part en tournée. Être associées est une chose, mais je crois que rares sont les business partners qui se retrouvent un mois entier confinés dans une même chambre d'hôtel et sur le siège arrière d’une voiture. La fatigue émotionnelle et professionnelle en même temps, les fans, les concerts, ça en met gros sur une relation d’amitié.
Je crois qu’on a compris dans les dernières années qu’il fallait faire des choix et que si on voulait continuer à travailler ensemble, il fallait prendre soin de nous.
Vous qui entretenez une relation professionnelle et amicale, quel impact a eu la pandémie sur votre duo? Vous a-t-elle permise de prendre un certain recul par rapport au groupe ou vos projets respectifs?
C.P.: On a eu vraiment beaucoup de chance cette année. On n’avait pas beaucoup de concerts de prévus, on avait planifié une année de repos à prendre du temps pour nous, se recentrer, et recommencer à écrire tranquillement. On a gardé contact avec des appels et des petites réunions par-ci par-là, mais sinon la pandémie n’a pas trop changé nos plans.
On a récemment appris que Laurence travaillait sur un projet personnel, peux-tu nous en dire plus?
L.L-B. : Bien sûr! Au début du premier confinement, c’était la première fois depuis un long moment que je me retrouvais sans rien devant moi (à court/moyen terme). Je suis un peu une hyperactive dans mon travail, j’aime être occupée (même si j'apprends cette année finalement à me poser, à respirer, à ralentir). J’ai donc commencé à ce moment à faire de la musique pour le plaisir, juste pour moi. En sont finalement ressorties plusieurs chansons sous le thème de l’adolescence, et un projet solo nommé SOFT FABRIC. Rien de tout cela n’était trop prévu, mais ça s’est présenté naturellement à moi et j'ai du plaisir à le concrétiser. Pour le moment mon premier cover de Blink-182 auto-produced est sorti, et je travaille présentement sur un EP qui sera aussi entièrement réalisé par moi, qui devrait sortir en 2021.
De ton côté, Camille, comment occupes-tu ton temps libre?
C.P.: Je travaille sur ma musique et je prépare une collaboration en recherche robotique avec l’Université Ryerson à Toronto. La pandémie m’a plongée dans une obsession introspective des choses qui me passionnent et je me dis que le confinement est le moment idéal pour m’éduquer davantage et préciser la vision artistique de mon projet.
Milk & Bone est connu pour ses concerts intimes et envoûtants. Vous avez même remporté le Félix du spectacle anglophone de l’année. En 2015, votre tout premier concert à Montréal affichait complet et depuis, vous avez fait une tournée aux États-Unis et en Europe. Qu’est-ce qui vous manque le plus de la scène? De quelle façon gardez-vous le contact avec le public en pleine pandémie?
L.L-B.: Pour moi, c’est majoritairement la fusion avec le public qui me manque des spectacles, de pouvoir aller à sa rencontre. C’est magique de chanter des chansons en regardant dans les yeux de nos fans qui vivent des émotions en même temps que nous. C’est le seul moment où on peut les voir en vrai, sentir leur énergie et c’est ce qui me manque le plus. C’est aussi un sentiment de grande liberté de pouvoir faire ce qu’on aime sur une scène et j’avoue que même si ça fait du bien prendre un peu de recul, j’ai hâte de pouvoir y retourner, avec de nouvelles chansons et un nouveau spectacle.
Vous avez toutes les deux des styles vestimentaires assez éclectiques. Qu’est-ce qui vous inspire?
L.L-B.: Honnêtement, j’aime beaucoup regarder les gens dans la rue, les boutiques en ligne de vêtements de seconde main, les artistes que j’admire, les réseaux sociaux et les créateurs qui me font rêver à tout coup, comme Gucci ou Jacquemus par exemple. J’aime aussi beaucoup suivre les créateurs d’ici. Ces temps-ci, j’ai un gros coup de cœur pour Constance Massicotte, Lolo Crochette, la boutique Effe, et laugh by lafaille. Je regarde les gens, j’achète ce qui me plaît, ce qui me ressemble et ça évolue sans cesse.
C.P.: La communauté LGBTQ+ m’inspire beaucoup. Les sex workers aussi.
Je me pâme devant des styles complètement différents du mien, et ça m’inspire pour des looks beaucoup plus sobres par la suite. Le fait de rester connectée avec les gens qui repoussent les normes me fait me sentir libre. Même si ce n’est peut-être qu’une illusion. J’aime voir que certains se le permettent.
Si je comprends bien, Laurence porte du blanc et de la couleur et Camille est toujours habillée en noir, c’est ça?
Laurence & Camille: C’est exact.
Y a-t-il une différence entre vos tenues de scène et celles de la vie de tous les jours?
C.P.: Je crois que nous nous inspirons de nos looks de tous les jours, mais nous les poussons au maximum. Même chose pour notre maquillage. Je crois que ça vient du fait que si on veut remarquer nos looks quand on est sur scène, pas le choix d’aller over the top. Personnellement, ça me donne de la confiance et de l’énergie quand mon look est un peu foufou. Ça me permet de lâcher mon fou sur scène.