Discussion avec Fabrice Vil, co fondateur de Pour 3 Points, entrepreneur social, chroniqueur et avocat.
Vallier rencontre: Fabrice Vil
Pour 3 Points a vu le jour en 2011, à une époque où Fabrice pratiquait encore le métier d’avocat. Celui qui a longtemps été joueur avant d’endosser le rôle de coach, et même d’arbitre, a rapidement saisi l’importance de l’influence d’un entraîneur dans la vie d’un jeune. C’est que porter tous ces chapeaux lui a permis de prendre conscience que quitter la pratique du droit lui permettrait d'œuvrer en conformité avec ses valeurs. Ce constat a donné naissance à Pour 3 Points.
Nous avons rencontré Fabrice au terrain de basket de son quartier pour discuter de Pour 3 Points, d’éducation et d'entrepreneuriat social.
Quelle est la mission de Pour 3 Points? Comment peut-on faire passer l’éducation par le sport?
Fabrice Vil: On entraîne des entraîneurs, dit simplement. Les coachs de sport interviennent dans la vie des jeunes à titre de mentors, et c’est particulièrement vrai chez les jeunes issus de milieux défavorisés. Ils ont une influence marquée à travers la pratique du sport. Elle agit comme élément de motivation naturel chez les jeunes qui pratiquent un sport. C’est un vecteur qui est propice pour transmettre des valeurs comme la résilience, la discipline, l’entraide. Le sport aide à bâtir la confiance en soi et à entrer en relation avec les autres.
Le mandat de Pour 3 Points est d’outiller les entraîneurs afin de les aider à avoir une influence positive dans la vie des jeunes. Outre la pratique du sport, cette influence est susceptible de se poursuivre dans les autres sphères de leur vie et de leur fournir une orientation à long terme. Le lien entre un entraîneur et un jeune athlète se crée naturellement à travers des expériences intenses, comme les victoires aussi bien que les défaites, qui bâtissent un lien de confiance et une passion commune.
Parle-nous des défis de l’entrepreneuriat social.
Je pense que l’un des défis les plus importants de l’entrepreneuriat social est d’arriver à faire des choix qui sont alignés avec l’impact social que nous souhaitons avoir, en tant qu’organisation. L'entrepreneuriat social impose son lot de défis parce qu’il faut trouver une façon de croître, en tant qu’entreprise, tout en restant connectés à la cause que nous servons et garder le focus sur ce qui est bénéfique sur le plan social. Ça devient un beau défi d’être motivé par l’impact social de nos activités. Beaucoup d’aspects de ce qu’on fait chez Pour 3 Points pourraient être utilisés pour améliorer la haute performance sportive, par exemple, mais faire ce choix imposerait une structure de revenu qui détournerait l’organisation de son but premier. Si nous décidons un jour d’accroître nos activités et de monétiser les services que nous offrons, il faudra que les profits servent la cause sociale. Remettre les profits à notre mission serait une façon de faire.
La question de l’évaluation de la valeur d’un service ou d’un produit se pose également en entrepreneuriat social. En tant qu’OBNL, le fait d’avoir une structure de coûts et de service qui ne soit pas aligné avec la structure marché fait en sorte que le défi est aussi d’aller chercher des gens hautement qualifiés et talentueux qui doivent faire le choix de travailler avec nous en sachant qu’ils pourraient probablement être mieux rémunérés dans le secteur privé. Ça représente à la fois un avantage et un désavantage, parce qu’on essaie de relocaliser la valeur de travailler pour Pour 3 Points par d’autres bénéfices que le salaire. Les gens qui travaillent avec nous ne sont pas là pour s’enrichir monétairement. Il a une fierté, une richesse sociale et une meilleure compréhension de pourquoi on fait ce qu’on fait, quand on choisit d'œuvrer pour une entreprise sociale plutôt que dans un contexte privé. Je pense que lorsqu'il y a une logique financière derrière les choix qu’on fait, on oublie plus facilement pourquoi on est là.
En tant que société, comment pouvons-nous donner plus d’opportunités aux jeunes issus de communautés défavorisées?
Je pense qu’il est important que nos services publics soient égalitaires pour tout le monde. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir de bons services d’éducation, de santé, services sociaux. Ils doivent être intelligents et en mesure de s’adapter aux différentes réalités. Tout le monde devrait avoir accès au logement, à une bonne éducation et à des soins de santé adéquats. L'implication personnelle de tous passe par l’importance qu’on accorde collectivement à ça. C’est au gouvernement d’y penser certes, mais c’est aussi aux entreprises de s’impliquer. Nous avons un système économique qui fait en sorte que certains ont plus d’argent que d’autres, il faut qu’il y ait une redistribution des richesses et redonner à la communauté qui en a le plus besoin.
Je pense que c’est aussi important de partager les histoires des uns qui diffèrent de nos expériences personnelles, pour éviter de tomber dans le jugement, pour s’ouvrir en tant que société et redéfinir le spectre de ce qui est habituel ou normal. Je pense que tout le monde à un examen de conscience à faire, à savoir quel sacrifice il est prêt à faire individuellement pour aider les autres.
We also have to share and amplify individual stories that differ from our own personal experiences. This will avoid unconscious bias, open us up as a society, and redefine the spectrum of what is normal. I believe everyone has to examine their own conscience, and determine what sacrifices they’re willing to make in order to contribute to the greater good of their community.